Le Tumulus de Gavrinis

Au cœur du Golfe du Morbihan, cette tombe du IVème millénaire avant J.C. constitue le chef d'œuvre de l'art mégalithique.

La petite île de Gavrinis (750m sur 400m) est située en face du bourg de Larmor-Baden. La traduction littérale de Gavrinis pourrait être l'île de la chèvre ; mais c'est un piège de la toponymie car il s'agit d'un nom ancien qui ne peut s'expliquer directement par le breton moderne. Il existe un radical vieux-celtique Govero qui est associé à l'idée de torrent encaissé, de ravin, de tourbillon caché (cf. le français "gouffre"). Or l'île de Gavrinis domine le chenal de la rivière de Vannes qui traverse le Golfe, précisément à l'endroit où il est parcouru par les courants de marée les plus violents. Sans doute en raison de son implantation sur une île, Gavrinis est l'un des monuments les mieux conservés de cette période de la Préhistoire.

A l'extrémité sud de l'île est donc implanté un cairn (construction en maçonnerie), l'un des plus beaux monuments mégalithiques au monde (6000 ans av. J.C.). Il cache une chambre funéraire (dolmen d'une cinquantaine de dalles juxtaposées) et un couloir d'accès long de 14 m aux 24 piliers parfaitement décorés.

Le cairn restauré recouvre un long couloir menant à la chambre funéraire. Les dalles sont décorées de somptueuses ornementations : crosses, haches, courbes ou lignes droites se combinent de cent façons différentes. Sur 29 dalles formant les parois, 23 sont ornées dont 21 presque totalement recouvertes sur leur face visible ; encore faut-il y ajouter la pierre de seuil à l'entrée de la chambre, les piquetages de certaines dalles du sol et les décors repérés sur des surface invisibles depuis l'intérieur de la crypte.

La décoration de Gavrinis est sans équivalent en Armorique, les rares points de comparaison possibles en Europe étant les grands monuments de la vallée de la Boyne en Irlande ou ce que l'on peut imaginer du dolmen peint de Dombate dans le nord-ouest de l'Espagne. Malgré quelques possibles rapprochements avec l'Irlande ou l'Ibérie, la technique et le style de ce décor sont eux aussi sans équivalent véritable.